Les luttes pour l’égalité des genres dans les pays de culture arabo-musulmane ont été menées par des personnes de toutes horizons. Des hommes se sont distingués par leur position avant-gardiste sur les droits des femmes et se sont exprimés sur ce sujet dans un contexte parfois très hostile où régnait l’idéologie conservatrice qui les qualifiait d’apostats, de laïcs ou d’athées.
Parmi ces défenseurs figurent des hommes remarquables qui ont consacré leur vie à promouvoir les droits et les opportunités des femmes. Leur engagement a contribué à changer la donne et à ouvrir la voie à une société plus égalitaire. Parmi ces hommes nous pouvons citer à titre d’exemple :
Mohammed Abdou : Célèbre penseur et réformateur égyptien, Mohammed Abdou a plaidé pour l’éducation des femmes et leur participation active dans la société. Il était convaincu que l’éducation des femmes était essentielle pour le progrès de la société dans son ensemble.
Mustafa Kemal Ata Turk: Le fondateur de la République de Turquie, Mustafa Kemal Ata Turk, a entrepris d’importantes réformes sociales, y compris l’octroi du droit de vote aux femmes en 1934. Il a encouragé l’éducation des femmes et leur participation à la vie publique et il a interdit le hijab.
Habib Bourguiba : En tant que premier président de la Tunisie indépendante, Habib Bourguiba a introduit des réformes législatives audacieuses en faveur des droits des femmes. En 1956, il a aboli la polygamie et promu l’égalité des sexes dans plusieurs domaines.
Muhammad Shahrour : Shahrour est un militant des droits de l’homme et un érudit religieux bien connu pour ses efforts dans le domaine de l’explication du Coran. Il a travaillé avec sérieux à interpréter le Coran, cherchant à comprendre ses significations et ses applications dans la vie quotidienne. Il s’est fait remarquer par sa méthode puissante pour clarifier des concepts religieux complexes et les rendre compréhensibles pour le grand public.
Shahrour a apporté de nouvelles interprétations des versets coraniques en utilisant la langue arabe de manière précise et en s’appuyant sur l’histoire et le contexte. Il a exprimé une vision interprétative visant à relier les valeurs islamiques aux défis contemporains, ce qui lui a valu une large acceptation parmi différentes catégories d’âge et culturelles. Ses efforts se concentrent sur la mise en évidence des aspects de tolérance, de justice et de compassion présents dans le Coran, et invitent les gens à la pensée critique et à l’utilisation des valeurs islamiques comme outil pour le progrès social et le développement, afin d’équilibrer l’héritage religieux et les défis contemporains.
Dr Ahmed ElKhamlichi : Dr Ahmed Khamlichi est connu pour sa contribution à une lecture moderne du patrimoine culturel et religieux, notamment en ce qui concerne les droits des femmes. Dr Khamlichi s’engage dans une relecture et une compréhension du patrimoine islamique d’un point de vue contemporain, prenant en compte le contexte culturel et social actuel. Le Dr Khamlichi cherche à revisiter les concepts traditionnels et à les réinterpréter d’une manière conforme aux valeurs et aux principes de justice et d’égalité entre les sexes. Il contribue à la promotion des droits des femmes en Islam et à les adapter à l’ère moderne. Ses propositions se distinguent par un équilibre entre le patrimoine religieux et les exigences du temps présent.
Abdessamad Edailmy : Professeur en Sociologie qui a consacré ses recherches à analyser le contexte socioculturel marocain pour diagnostiquer les dysfonctionnements qui impactent les droits et les libertés des groupes sociaux en général et des femmes en particulier. Ses études ont contribué à promouvoir les droits des femmes dans le contexte marocain emprunt de coutumes et de stéréotypes défavorables aux filles et aux femmes. Il a démonté avec l’audace du chercheur érudit les croyances populaires infondées sur des sujets qui portent préjudice aux filles et aux femmes tels que la virginité, la définition du viol et autres sujets tabous.
Ahmed Assid : Écrivain chercheur et activiste berbère marocain, Ahmed Assid œuvre pour l’égalité des genres en mettant en lumière les problèmes liés aux interprétations rétrogrades des textes religieux et qui portent atteinte aux droits des femmes dans la société marocaine.
Amine Abdelhamid : Durant son mandat à la tête de l’AMDH, Amine Abdelhamid a œuvré pour promouvoir la formation et la sensibilisation aux droits des femmes au Maroc. Il a été aussi parmi les premiers à revendiquer le droit des femmes à l’égalité dans l’héritage au Maroc.
Elakhal Said : En tant que chercheur sur les mouvements islamistes, Elakhal Said a contribué à revisiter les interprétations des textes religieux depuis les années 90, lors de la présentation de la première pétition pour demander la modification de la moudawana, puis a contribué aux plaidoyer successifs des mouvements féministes au Maroc qui avaient aboutis au code de la famille de 2004. Il propose une relecture progressiste du patrimoine culturel et religieux, en faveur de l’égalité et des droits des femmes, adaptée aux évolutions des réalités socioculturelles et politiques au Maroc. Il a publié plusieurs ouvrages et articles très pertinents, qui soutiennent le droit des femmes à l’égalité et notamment dans le partage de l’héritage, dont le dernier sous le titre “ Pour l’égalité dans l’héritage et la reconnaissance de la paternité”. Il a aussi contribué à la rédaction de la ‘Memorandum pour la Parité dans l’Héritage’, publié à l’occasion du 8 Mars 2023.
Rachid Aylal : Directeur d’un journal national, ex adepte de la Jamaa Al Adl wa l’Ihsane, ce chercheur autodidacte a publié le livre qui est classé parmi les livres en langue arabe les plus vendus actuellement. Son ouvrage « Sahih Al Boukhari, Fin d’une Légende » a bouleversé le monde musulman. Il a aussi travaillé pour mettre en lumière les contradictions entre les versets du coran et les interprétations patriarcales de certains fouqahas. Ses sites web et ses chaînes sur les médias sociaux contribuent à diffuser une lecture progressiste de l’héritage culturel et religieux. Il a aussi contribué à la rédaction du ‘Memorandum pour la Parité dans l’Héritage’, le plaidoyer qui a relancé le débat sur une refonte radicale du code de la famille.
Anas Saadoun, un jeune juge titulaire d’un doctorat en droit marocain de la famille et en droit comparé de l’Université Abdelmalek Essaâdi, diplômé de l’Institut Supérieur de la Magistrature, membre fondateur du Club des juges du Maroc et de l’Observatoire national de l’indépendance du pouvoir judiciaire, et membre actif de plusieurs associations de femmes, ancien président de la cellule de protection des femmes et des enfants victimes de violence. Il a publié plusieurs articles concernant les droits des femmes, des enfants et des affaires familiales, dont un livre sur la filiation des enfants nés pendant la période des fiançailles, et un livre sur le Code de la famille à la lumière de l’action judiciaire.
Cette liste n’est pas exhaustive, car il est impossible de citer tous les hommes qui ont contribué à faire avancer la question de l’égalité par des prises de positions courageuses, dont des leaders et des militants de partis politiques tels que Mr Nabil Benabdallah du PPS, Mr Lachgar de l’USFP, Mr Said Essaidi premier ministre de la Femme au Maroc, ayant lancé dans les années 90 le “Projet d’Intégration de la femme au Développement” au sein du Gouvernement de Mr El Yousfi Abderrahman, Mr Elouadie Salah du Mouvement Damir, Mr Abdellatif Wahbi actuel ministre de la Justice et Mr Abdelwahab Rafiki, Ex salafiste, actuellement Consultant et Chercheur en études islamiques et bien d’autres hommes progressistes qui mériteraient autant être cités.
